Énochien
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
L’énochien, ou « Langage des Anges », est le nom donné une langue occulte ou angélique, possédant son propre alphabet (dont certains éléments auraient été révélés sans la grammaire ni le vocabulaire, ni la prononciation[1]), trouvé , en même temps que des rituels magiques novateurs [2] (appelés par la suite « magie énochienne ») , dans des carnets de note des anglais John Dee et Edward Kelley, ayant vécu au seizième siècle.
Ce langage est aujourd'hui utilisé sous forme modifiée dans certains rituels sataniques pour tenter de communiquer avec les esprits des univers parallèles. Il est aussi utilisé dans certaines sectes religieuses.
Le nom "énochien" provient d'un récit biblique apocryphe appelé le Livre d'Hénoch.
Pour certains, l'énochien serait une langue inventée de toutes pièces par les hommes et pour d'autres, elle aurait toujours existé: ce serait la langue parlée par les anges, la langue unique des hommes avant la Tour de Babel. Elle aurait été, selon la tradition biblique citée par les entités énochiennes, utilisée par Adam pour nommer les choses et les êtres qui l'entouraient.
L'énochien serait a priori une langue "magique" et "spirituelle" dont on ne comprend pas bien l'origine et le fonctionnement dans l'état des connaissances actuelles. En effet et selon les connaissances admises en linguistique[3], la langue énochienne ne serait pas parlée sur Terre, elle ne serait même pas une langue construite. Par ailleurs, Il ne s'agirait pas non-plus d'un simple script codé, c'est- -dire un changement d'alphabet partir d'une langue existante.
L'énochien reste pour l'instant une langue mal connue, très controversée, autant dans sa fiabilité, dans l'historicité laquelle elle prétend que dans les valeurs qu'elle véhicule.
La langue énochienne : une création littéraire ?
Le travail effectué par les anglophones
Les anglophones parlent de enochian magick et enochian language, ce qui se traduirait par magie énochienne et langue énochienne. On trouvera également le vocable "Magie Hénokéenne", notamment dans les œuvres de Jean-Pascal Ruggiu. Ce monsieur serait connu pour être le premier vulgarisateur francophone de la magie énochienne.
Il aurait eu accès certaines archives secrètes des loges anglosaxonnes détenant les connaissances de l'Hénokéen / énochien.
C'est par la suite que des linguistes ont cherché comprendre l'articulation de cette langue dont on ignore la grammaire et la prononciation exacte, mais dont on possède des éléments de vocabulaire regroupés dans un dictionnaire. Le dernier dictionnaire en date est référencé en fin d'article.[4]
Ainsi sur la base d'un travail de décryptage, on a vu différents chercheurs travailler tantôt comme des linguistes tantôt comme des symbolistes pour élaborer un système magique exploitable, s'appuyant sur les connaissances magiques antérieures.
exemples de créations littéraires
Donc, l'énochien, une création littéraire ? La question mérite d'être posée : En effet, et après le XVIème siècle, J.R.R. Tolkien, philologue anglais du XXème siècle, crée de toutes pièces une mythologie s'inspirant de lieux communs de cultures du monde, ainsi que plusieurs langues artificielles (et leurs alphabets) censées être parlées par les créatures de cette mythologie. C'est le début, entre autres, du "Seigneur des Anneaux".
H.P. Lovecraft fera de même avec le Necronomicon, inventant une mythologie et une genèse spécifiques, et un alphabet des anciens.
Toutefois, les différents chercheurs anglosaxons, ésotéristes ou non, se sont déj posés la question de l'authenticité de l'expérience "énochienne". En l'occurrence, la fiabilité et la moralité de Kelley.
Ainsi, certains ésotéristes acceptant la puissance magique résidant dans le système énochien, ne sont pas moins partis du principe que ce serait une création (probablement inconsciente) de l'esprit humain. Le système énochien devrait alors être considéré comme une "machine" mentale qui pourrait être retouchée selon des travaux symboliques. Plusieurs auteurs sont cités plus loin, ayant fait preuve de créativité.
les conditions opératoires
Ce qui fait la complexité du système énochien de John Dee est que :
- Les différents éléments sont "révélés" de manière dispersée dans différents manuscrits, sans cohérence d'ensemble a priori
- Les différents éléments sont "révélés" de manière entrelacée[5] dans un ordre chronologique sur plusieurs années, et selon un mode opératoire proche de la dactylographie, tels que les deux anglais ne pouvaient pas avoir prémédité le système, si ce n'est que de très longue date.
De plus, apprendre par cœur un tel système aurait été probablement difficile pour Kelley, peu enclin l'honnête travail, du moins tel que le laisseraient supposer ses deux oreilles coupées pour escroquerie. C'est également pour cette même hypothèse que l'on ne peut pas vraiment imaginer Kelley profiter du temps libre entre deux séances pour inventer la suite : en l'occurrence, lors d'une des séances, l'entité "Raphaël" demande Kelley et Dee d'apprendre par cœur l'alphabet énochien fraichement transmis. A la séance suivante, c'est la panique car Kelley n'a rien appris du tout, et se fait admonester par Dee.
Aujourd'hui, on en est plutôt supposer que :
- l'expérience fut authentique, au sens où il n'y aurait pas eu manipulation de bout en bout de Dee par Kelley. En revanche et sur la période considérée de plusieurs années, il n'est pas exclu que ponctuellement Kelley ait fait intentionnellement "de regrettables erreurs de transcription"... C'est le cas burlesque de l'échange des épouses des deux hommes, supposée être indispensable et commanditée par les "Anges".
- l'expérience n'est pas forcément spirituelle et mystique, au sens où on n'a aucune preuve ou indice scientifique concernant la nature du phénomène qui se serait produit.
- Que ce soit un calembour est beaucoup plus douteux, car l'ampleur du système et sa complexité auront certainement demandé un travail de création littéraire comparable l'œuvre d'un Lovecraft ou d'un Tolkien. Si calembour il y a, alors il n'est pas dénué d'intérêt et de poésie, et concerne probablement des affaires de personnes[6] (ainsi tournées au ridicule) et non la valeur du contenu.
Les graphies
Différentes graphies semblent se rapprocher de l'énochien. Certaines sont des alphabets magiques, d'autres des alphabets réels :
Alphabet énochien
- L'une des lettres, ressemblant un gamma, est ornée d'un point. Ce point est explicitement présent sur les manuscrits de Dee. Toutefois, il est systématiquement oublié dans les versions ultérieures, celles de Casaubon, de la Golden Dawn et de Crowley.
- Une autre caractéristique de l'énochien est d'être une sorte de faux-ami. Ceux qui étudient le grec ou le copte auront reconnu lambda, oméga, epsilon, etc...En fait, ces mêmes graphies translittérées sont totalement indépendantes des lettres grecques. Ainsi le "pseudo-gamma" est en fait un "X", le "pseudo-lambda" est un "V", etc...
- Enfin, pour différentes raisons, la translittération latine, bien qu'opportune ici, n'est pas jointe mais elle peut être très facilement retrouvée sur le Web.
Alphabets Magiques
Les alphabets magiques présentés sont ceux d'une période féconde dans ce domaine, où plusieurs auteurs de la Renaissance sont tous partis en quête d'un alphabet angélique hypothétique. Il importait d'en faire une présentation.
Cet alphabet pourra être retrouvé dans l'Archidoxe Magique de Paracelse. Il est vocation talismanique, et il est curieux de constater qu'il est en pratique peu fréquent dans les documents d'ésotérisme et de talismanie de cette époque et des époques ultérieures[7]. Toutefois, la ressemblance de certaines lettres avec l'énochien est frappante, quoique la translittération latine soit différente. Il n'est pas exclu que John Dee ait possédé l'Archidoxe Magique dans sa bibliothèque personnelle dont on sait qu'elle avoisinait les 2000 ouvrages. Le catalogue de cette bibliothèque a été retrouvé, une vérification s'imposerait.
Les alphabets magiques de Cornelius Agrippa sont au nombre de quatre. L'alphabet serafim n'est pas présenté ici, car c'est en fait l'alphabet hébreu carré mais dont le tracé des lettres est modifié de manière représenter des constellations du ciel.
Les alphabets MALACHIM, SERAFIM et PASSAGE DU FLEUVE sont des alphabets boulés, c'est- -dire que chaque ligne d'un tracé de lettre est affublé d'une "boule vide" chaque extrémité[8]. C'est une pratique courante en talismanie médiévale, où chaque tracé représente un "chemin" symbolique dont les boules sont le départ et l'arrivée. Ces chemins symboliques sont ensuite superposés des grilles de chiffres (carrés magiques) pour déterminer des chemins de nombres, puis des chemins de lettres grâce une table guématrique[9]. Le nom ainsi calculé détermine le nom de l'entité associée la signature. Le procédé est tellement proche de la pratique énochienne qu'il importait d'en parler. Par ailleurs, cela suggère que probablement il est difficile d'étudier le langage énochien sans avoir des notions de magie énochienne.
La ressemblance de l'alphabet thébain l'énochien est plus discutable. Toutefois, le nom thébain renvoie une origine mythologique de l'alphabet qui se situerait Thèbes (égypte) et serait "l'alphabet des dieux". Par opposition l'aspect pictural et soigné des hiéroglyphes, l'alphabet thébain apparaît plus "cursif". Deux hypothèses :
-
- Soit cet alphabet renvoie des langues ultérieures (hiératique, démotique, copte)
- Soit cet alphabet renvoie des langues antérieures (proto-phénicien, proto-sinaïtique)
Alphabets réels
Dans l'hypothèse que l'énochien aurait été une langue humaine oubliée mais s'inscrivant dans l'histoire, il est intéressant de comparer l'énochien des langues liturgiques répandues et de vérifier les ressemblances graphiques.
L'hébreu est la langue laquelle fait souvent référence la tradition ésotérique occidentale, travers l'étude de la Kabbale. Pourtant la ressemblance de l'alphabet hébreu est quasiment nulle avec l'énochien. Les usages littéraires, ésotériques et symboliques de la Kabbale sont si répandus que certains groupes occultistes en France (Papus, Stanislas de Guaïta) comme au Royaume-Uni (Golden Dawn) ou aux États-unis (Israël Regardie) ont systématiquement cherché décoder l'énochien travers les données linguistiques de l'hébreu. Ainsi :
-
- le "Z" énochien se dit "Ceph" et a été traduit par "zod" : on retrouvera zodameranu pour zamran, ou zodacare pour zacar.
- l'alphabet énochien a été traité comme un abjad : il est généralement vocalisé la prononciation. Tout au plus, Israël Regardie propose de ne vocaliser que les consonnes qui se suivent, fort nombreuses en énochien.
L'enjeu est probablement culturel : la tradition kabbalistique ayant plusieurs siècles, que faire avec l'énochien a priori plus jeune ?
Une hypothèse historique avait été avancée que le Moïse historique devait écrire en alphabet samaritain. Si cette homme avait eu une quelconque expérience avec le monde divin, peut-être l'énochien ne serait-il qu'une forme déviée du samaritain ? La graphie samaritaine n'a pas la rondeur de celle de l'énochien, toutefois les ornements et inflexions du tracé peuvent avoir des points communs.
- La piste de l'éthiopien est intéressante car le Livre apocryphe d'Hénoch possède une version dite "éthiopienne".
- Comparaison alphabet Cherokee et alphabet énochien
La piste "cherokee" peut sembler incongrue, toutefois des américains ont présenté l'alphabet énochien des chamanes amérindiens qui se sont aussitôt exclamés : "mais c'est l'alphabet de la Terre !" et ont présenté aussitôt l'alphabet cherokee, créé au XIXème siècle par l'indien Sequoyah.
- D'autres alphabets pourraient entrer en ligne de compte, le script de Trithémius, l'alphabet paléo-samaritain…
Plus les alphabets sont anciens, plus ils semblent se rapprocher de la forme de l'énochien.
Il est difficile pourtant d'intégrer l'alphabet énochien dans un arbre épigraphique, sous l'hypothèse que l'énochien s'insèrerait dans l'histoire humaine bien avant le XVIème siècle, comme l'a supposé John Dee.
Une grammaire spéciale
Le rôle linguistique du Liber Logaeth
Dans les lignes qui suivent, le dialogue avec des entités implique de présupposer l'existence de ces entités. Les progrès récents de la psychologie et l'observation clinique en psychiatrie ont permis de faire un lien de sens entre des "esprits" supposés et les mécanismes schizophréniques, comme par exemple les personnalités multiples. Les instances psychiques représentant les esprits sont appelées complexes semi-autonomes. Ainsi, pour faire place aux deux acceptions, psychiatrique et spirituelle, les noms d'entités sont mis entre guillemets.
Dans l'acception d'un contact avec les Anges connus de la chrétienté, le Liber Logaeth[10] aurait été enseigné par "Raphaël", le "Médecin de Dieu". Selon cette entité, la "Médecine" ultime qu'il apporterait aux hommes serait :
- D'une part l'enseignement d'une langue étrange, celle-l même qui sera appelée "énochienne" ultérieurement. "Raphaël" donne des détails très poussés sur la prononciation de chacune des lettres, plutôt gutturales.
- D'autre part l'enseignement de ce système de grilles que contient le Liber Logaeth, dont il est dit qu'il renferme(rait) toutes les langues du Monde.
Qu'une langue soit transmise en tant que remède serait expliqué en ces termes par "Raphaël" :
- Les langues humaines ne seraient pas au point (séparation du signifié et du signifiant, arbitraire du signifiant s'inscrivant dans une perspective historique)
- Les humains ne sauraient plus nommer les choses, les noms qu'ils leur donnent ne correspondraient plus leur essence véritable (essence "magique" fournissant une connaissance et un pouvoir).
- Si les humains connaissaient l'essence des choses, le simple fait de nommer ces choses :
- aurait une fonction supérieure celle de la transmission d'un message ( vocation sociale).
- serait l'acte de penser, de rêver, de créer le Monde lui-même. Certaines traditions (probablement le Bardo thodol) pensent que la réalité serait un Rêve de la "Divinité Suprême".
- En conséquence :
- La maîtrise du langage aurait été l'atout majeur de l'humanité pour sortir de l'animalité, mais serait selon "Raphaël" le point nodal stratégique pour percevoir la nature de l'activité psychique humaine (émotions, pensée, rêve, désir, etc...) et appréhender "l'au-del du langage", entre autres l'expérience vécue, qu'elle soit magique[11] ou profane[12].
- l'utilisation qui serait faite de ces langues ne pourrait que nuire l'intellect humain, l'empêchant par l -même de percevoir la "Divinité". A ce sujet, le philosophe Wittgenstein parle même des jeux de langage, induisant des affrontements culturels, et ce titre la philosophie ne serait qu' éclaircissement du langage. Wittgenstein ignorait probablement l'existence et l'histoire du matériel énochien.
Selon le propos de l'entité "Raphaël", le langage ultime, a fortiori le langage "énochien", permettrait de dire "que la lumière soit", et la lumière serait, de facto. On retrouve cette dimension transcendante du langage dans la pratique ésotérique juive, sous le nom de Davar : la traduction est parole mais transmettrait cette notion de lien intime entre le langage et la nature, la texture même du Monde. Il semblerait que la langue hébreu possède ce statut de "super-langue", du moins tel que l'affirment les kabbalistes engagés.
Ce propos, tenu au XVIème siècle lors d'une séance de skrying et consigné par Dee, pourrait être comparé aux contributions d'auteurs contemporains :
- Le philosophe Wittgenstein, et le rapport entre langage et pensée.
- Le rôle de la psychanalyse freudienne (et d'une manière plus discutable Lacanienne) associant l'enquête linguistique personnalisée sur les signifiants, l'enchevêtrement et aux déterminismes de la vie psychique.
- L'hypothèse Sapir-Whorf, qui postule que toute langue est de facto un conditionnement culturel fondamental.
Doit-on dès lors supposer que cette "a-culturalité", tout du moins supposée, de la magie énochienne et de la langue énochienne (par opposition la Kabbale, au Druidisme, au Vaudou, etc...) ne pouvaient que mener ultérieurement tout droit la Magie du Chaos[13] ?
Enfin, les éclaircissements qu'apporterait le Liber Logaeth jettent paradoxalement un trouble sur la catégorisation entre magie et Langue. En effet, au vu de ce qui précède, la magie serait acte de langage[14], sans quoi le mage ne serait plus qu'un artiste. Les talismans[15], les invocations et les évocations, entre autres, seraient des actes linguistiques complexes, où travers le symbole, la frontière entre l'image et le texte devient floue : on parle de mots de pouvoir.
Une tentative d'explication par la linguistique formelle
Une hypothèse est tentée : la grammaire énochienne révolutionnerait les schémas linguistiques traditionnels. En effet :
- D'une part la grammaire d'une langue, plutôt arborescente, serait un schéma mathématique[16], formalisable et formalisé par le linguiste Noam Chomsky[17]. Ses travaux servent en intelligence artificielle notamment.
- D'autre part, l'inventeur de la linguistique Ferdinand de Saussure avance qu'une langue traditionnelle serait caractérisée entre autres par deux éléments :
- Une phrase est un arrangement séquentiel, s'écoulant dans le temps, d'éléments ayant du sens (des signifiés) décrits l'aide de signes (signifiants).
- Le signifiant utilisé (graphie, prononciation) pour représenter du sens est totalement indépendant du signifié. C'est le côté arbitraire du nommage des choses et des concepts : en fait, c'est ce même arbitraire qui est l'origine de la diversité des langues sur Terre.
La grammaire énochienne ne serait pas vraiment une grammaire, mais un objet mathématique beaucoup plus complexe plusieurs dimensions, ce qui expliquerait :
- sa difficulté d'analyse par les linguistes,
- sa ressemblance avec des carrés magiques et des codes cryptographiques[18]. Les savants du Moyen Âge possédaient d'ailleurs souvent cette double compétence.
- la possibilité de créer du sens (signifié) en manipulant le signifiant (ordre et numérotation des lettres), l'instar de la kabbale (guématrie, témourah, notarikon…);
Dans cet objet mathématique, la grammaire, le vocabulaire et la prononciation seraient couplés en un tout indissociable. Ainsi le sens perçu (signifié) de la phrase énochienne et le sens réel (caché, relatif la fonction magique) seraient-ils différents :
- supposons que l'objet "grammaire formelle énochienne" est un polyèdre
- alors la phrase lue dans un certain sens est une facette
- alors le sens correspond au volume
Des tentatives de langues artificielles ont cherché intégrer cette formalisation géométrique du sens, notamment avec les langues loglan et lojban.
A noter qu'aujourd'hui seule la psychanalyse, en particulier lacanienne, utilise de manière efficace de telles manipulations tandis que la psycholinguistique -discipline jeune- essaie d'en comprendre les mécanismes neurologiques et cognitifs.
Orientations symboliques de la langue énochienne
Un ensemble de documents trop restreint
Les spécialistes du sujet s'accordent dire que le volume des documents disponibles, concernant strictement l'œuvre de John Dee et Edward Kelley, est trop faible pour mener une analyse linguistique de bout en bout. En l'occurrence, l'analyse des clés énochiennes n'a pas permis de déterminer les modalités de construction "sujet-verbe-complément" (SVC, ou SCV, etc...), le degré de flexion des verbes et des noms, le rapport entre alphabet et vocabulaire (sont-ce des idéogrammes, des logogrammes, ou un alphabet réellement combinatoire comme le laisse supposer la translittération latine proposée par Raphaël) ?
Sur ce point, la problématique est assez similaire l'écriture hiéroglyphique décodée par Champollion. Un prédécesseur anglosaxon de ce savant avait déj déterminé la valeur sémantique des hiéroglyphes, mais l'apport du chercheur français a été de dire que les hiéroglyphes pouvaient avoir plusieurs fonctions lexicales, dépendantes du contexte. Un hiéroglyphe pouvait être tout la fois, une idée, un son, ou un objet grammatical (pronom, ponctuation, etc...).
Des démarches créatives pour y pallier
C'est pourquoi, dans l'état actuel des connaissances, l'énochien a été pris comme une création de l'esprit humain et a été remanié par des chercheurs et magiciens indépendants selon des initiatives créatives et personnelles, donc contestées et malheureusement accompagnées d'attaques personnelles de la part de leurs confrères.
Citons dans ce cas :
- Aleister Crowley[19]
- Anton LaVey (remplacement de Iaida[20] par Shaitan, mot absent des parchemins de Dee)
- Israel Regardie (modification des correspondances de formes et de couleurs sur des rituels kabbalistiques et énochiens)
- Gerald Schueler [21]
- et dernièrement dans la sphère francophone, Marc-André Ricard.
La perplexité des linguistes
Donc, moins d'une improbable découverte de parchemins "énochiens" supplémentaires, par exemple et pourquoi pas, des documents de la bibliothèque personnelle de Dee qui auraient échappé au feu mais perdus dans la nature, il n'est pas possible de déterminer si l'énochien est :
- une langue flexionnelle (conjugaisons et déclinaisons : français, allemand)
- une langue agglutinante (le "collage" de suffixes et préfixes donne la fonction grammaticale : sumérien, sanskrit, japonais)
- ou une langue isolante (la juxtaposition ordonnée de concepts structure le sens et la grammaire : chinois).
Naturellement, nous sommes très loin de déterminer si l'énochien est d'aventure une langue tonale, chantée, où les intonations déterminent la fonction grammaticale. Le chinois, ce titre, comporte 4 ou 5 tons, certaines ethnies chinoises parlant un dialecte 12 tons.
Toutefois, les divers chants liturgiques (Cantus Instans, Cantus Vocans, Cantus Vemens[22]) employés pour déclamer l'énochien dans les loges magiques laissent penser que cette hypothèse ne doit pas être systématiquement écartée.
Une démarche de substitution
Toujours plus d'hypothèses, et moins de documents...Concrètement, l'analyse linguistique de l'énochien pratiquée aujourd'hui se ramène en fait une analyse philologique des contributions au symbolisme énochien, postérieures au XVIème siècle.
Ce qui peut être envisagé, en revanche, c'est l'examen du symbolisme énochien dont la compréhension éclairerait le mode de pensée énochien et pourrait aider formuler des hypothèses sur le langage énochien. Ce raisonnement tient la route si l'on part du principe que tout acte psychique est d'abord un acte langagier.
C'est pourquoi, dans la suite de cet article, une analyse symbolique de systèmes énochiens sera menée afin d'y déceler d'éventuelles pistes historiques, géographiques qui auraient été ignorées, ces mêmes pistes étant probablement nécessaires au préalable pour déboucher sur de nouvelles pistes linguistiques.
On parlera indifféremment, et sans rien enlever l'aspect linguistique de l'article, de langue énochienne ou de magie énochienne.
Sociologie de la magie énochienne
Il est probablement luxueux, si ce n'est prétentieux, de parler d'une sociologie de ce système, alors que les données concrètes manquent cruellement l'appel, comme d'ailleurs pour l'ensemble des systèmes ésotériques de l'époque contemporaine. Tout ce qui est ésotérique est par définition:
- caché
- propice au fantasme
- hors de portée d'une analyse rationnelle.
Les deux seules sources visibles sont pour l'instant :
- Les célébrités dont les discours et les comportements seraient liés au système de John Dee ou un système dérivé
- Les thèmes récurrents dans les publications, surtout numériques (Internet)[23].
L'étude de la langue énochienne et l'effort qui y serait consenti dépendent en première analyse :
- De la richesse intellectuelle dont la magie énochienne serait porteuse : son style "cryptographique" et sa propension provoquer des rêves, voire des cauchemars, a eu une influence décisive sur plusieurs intellectuels du XIXème et du XXème siècle, dont des écrivains et des artistes connus[24].
- Des valeurs dont elle serait porteuse, soit explicitement travers une étude philologique, soit indirectement au travers de sa réputation.
La diffusion de la magie énochienne
De cette magie, nous n'en connaissons que les aspects les plus inquiétants, de fait les plus introspectifs sur les instincts animaux enfouis en l'humain. Ainsi :
- Telle pratique de magie noire :
- Necronomicon paranoïaque se réclamant de Dee,
- Bible sataniste nietschéenne d'Anton LaVey. Un prêtre sataniste connu : le chanteur de Marylin Manson.
- Telle famille spirituelle :
- Tel relais d'opinion dans la presse :
- affaire(s) Crowley / Churchill,
- débâcle de la Golden Dawn,
- filiation revendiquée des groupes de Hard Rock Black Metal.
Selon certains, elle serait porteuse de lumière et de responsabilité :
- Elle aurait quelque chose d'objectif dans sa structure symbolique, qui ,tout la fois échapperait la tradition intellectuelle millénaire de l'Occident (kabbale et exégèses théologiques diverses) et s'imposerait lui (témoignages de la réalité opérative, schémas intellectuels audacieux et originaux, notamment concernant le rapport la sexualité).
- En l'occurrence, la partie De Heptarchia Mystica[25] - traitant des "seigneurs planétaires"- semble difficilement corruptible vers des pratiques plus morbides, en échappant notamment aux affres astrologiques de la Gnose Simonienne.
- Les livres "révélés" des fins exclusives de "magie noire" seraient très rares, l'un des plus connus est le liber al vel legis. En effet, les ouvrages de magie noire se caractériseraient par la modification, même mineure et sous couvert de syncrétisme, du symbolisme de base partir d'un corpus révélé. L'énochien ne participerait pas de ce schéma-l si l'on se réfère strictement aux manuscrits de Dee.
thèmes récurrents sur Internet
Technique d'analyse thématique sur un corpus francophone
La technique d'identification des principaux thèmes a été faite par l'un des contributeurs de l'article et est reproductible de la manière suivante :
- Repérer une liste de ressources sur l'énochien, sur le Web.
- Lancer un robot de collecte documentaire[26] partir de cette adresse.
- stocker les pages Web sur le disque.
- repérer l'ensemble des forums Usenet qui apparaissent la requête "énochien".
- se munir d'un lecteur de nouvelles[27]
- télécharger les articles de ces forums
- sélectionner les fils de discussion apparaissant la requête "énochien".
- stocker les fils sélectionnés sous forme texte sur le disque.
- Utiliser un outil de Text Mining[28] pour extraire les thèmes : extraction de la matrice lexicale, algorithme de réduction de dimensions,[29] puis lecture des vecteurs propres, qui correspondent aux thèmes du corpus documentaire.
Résultats
Le présent article est exclu du corpus analysé, ainsi que les sites miroirs.
Différents mots-clés apparaissent en tête (sur le Web et sur les forums) :
- énochien
- livre d'Hénoch (sur le Web mais pas les forums, variantes d'orthographe)
- Shaïtan
- Anton LaVey
- Satanisme
- Témoins de Jéhovah (sur les forums mais pas sur le Web, écrit "Tj")
- ressources
- Lovecraft
- Necronomicon
- John Dee
Spécificité du corpus francophone
Une analyse, fastidieuse quant la récolte et au prétraitement des données, pourrait être menée sur un corpus anglophone sollicité par la requête enochian. Cette analyse reste faire en toute rigueur, mais un coup d'oeil rapide sur les forums et le Web anglophone suffisent constater que les mots-clés extraits plus hauts dans la version francophone voient leur traduction anglaise perdue dans les profondeurs du classement.
Dès lors on pourra se demander :
- la magie énochienne serait-elle source du "Mal" ou miroir de nos insuffisances psychologiques ?
- le rapport la magie et au langage énochiens est-il lié un contexte culturel et religieux, en l'occurrence la tradition judéo-chrétienne ? On retrouve une telle hypothèse chez les quelques auteurs francophones ayant écrit sur des systèmes énochiens.
Dans tout le reste de l'article, il importe donc de se placer dans la subjectivité des cultures européennes.
De temps en temps, le chercheur en magie énochienne pourra tomber sur des invocations au parfum "sulfureux", et sera certainement en droit de se poser des questions sur la légitimité de telles pratiques.
Il pourrait dès lors apparaître dans l'esprit du praticien européen l'éventualité d'avoir été trompé dès le début, que la magie énochienne est une voie « spéciale » créée pour amener les hommes vénérer les Ténèbres, et ce bien malgré eux.
Les courants anglosaxons contemporains
Ici sont présentés sous forme simplifiée les résultats de l'étude N°13 "langues secrètes" (1999) de "Politica Hermetica" de l'EPHE Sorbonne.
Les courants de pensée relatifs l'énochien se diviseraient en trois branches :
- Les tenants de l'héritage de la Golden Dawn : l'énochien, par son côté "barbare" et son apparence de glossolalie, n'est en fait qu'un prétexte pour solliciter les ressources psychiques et personnelles les plus difficiles d'accès. Dès lors, la base de travail kabbalistique et hermétiste est omniprésente pour étudier, pratiquer et améliorer le corpus grandissant des rituels.
- Les puristes : l'énochien a été expérimenté par John Dee et ne saurait être sorti de son contexte sans devenir abscons. Cette famille de pensée estime que l'inventaire et l'analyse des manuscrits de Dee d'une part, la compréhension et la maîtrise de la totalité du matériel de magie énochienne d'autre part, se suffisent eux-mêmes pour être étudiés sans être remaniés. A ce titre, beaucoup de lacunes persistent pour décrire l'étendue et la vocation du système de Dee, faute de pratique et de compréhension.
- Le B.O.T.A.[30] et les courants rosicruciens : l'opposition totale l'énochien. Affirmer que l'énochien est la langue divine unique, c'est bafouer pratiquement toutes les valeurs et la culture judaïque, et une partie du travail des Pères de l'Église. Cette question a été appelée vexata quaestio et a resurgi la Renaissance lorsque différents penseurs ont essayé de retrouver une hypothétique langue pré-babélique, dans un mouvement de retour aux sources. C'est semble-t-il ce mouvement qui a vu la profusion d'alphabets magiques dont quelques uns ont été abordés dans le chapitre graphies. Ainsi le fondateur du BOTA, Paul Foster Case voyait dans l'énochien une destruction de l'héritage occidental (alchimie, astrologie, tarot, kabbale, etc...) d'une part, tandis que les difficultés manipuler un tel système sans se "brûler les doigts" ne pouvait être que la marque du Diable. Ainsi le B.O.T.A. milite-t-il systématiquement contre la diffusion de l'énochien.
Une magie qui s'inscrirait dans le cours naturel de l'histoire
éléments factuels d'histoire
Certaines investigations[31] - en matière d'Histoire occidentale - permettent de conclure que la magie énochienne n'est pas inventée « ex nihilo ». Non pas que Dee et Kelley aient fabulé, mais trop souvent la Magie énochienne renvoie des éléments déj existants dont Dee ne pouvait pas disposer entièrement. En l'occurrence :
- Des noms et des concepts explicitement nommés chez des auteurs antérieurs, comme Cornelius Agrippa (De Occulta Philosophia, tome III), Pietro d'Abano (Heptameron) ou le jésuite Athanasius Kircher (Oedipius Aegyptiacus).
- la piste moyen-orientale[32] qui nous fait longer l'Océan Indien[33] jusqu' Sumer[34] et la vallée de l'Indus[35].
Les savants de la Renaissance et des époques antérieures étaient systématiquement scientifiques et magiciens[36]. Pour suivre l'histoire de la magie, il suffit de suivre l'histoire des mathématiques, du chiffre et du codage…
Du coup, le tandem Dee / Kelley peut être raisonnablement dédouané des soupçons qui pèsent sur eux et leur « channeling ».
L'impression de nouveauté du système énochien vient de ce qu'en deç d'une certaine époque, les connaissances, notamment magiques, sont rédigées en latin et ne sont pas encore traduites de nos jours. Nous vivons en fait sur le fonds d'occultisme du dix-neuvième siècle[37]; du coup, l'histoire magique se répète notre insu[38].
L'ancienneté de la magie énochienne attestée par les "entités"
Tout se passe comme si, au cours de l'histoire et dans différents pays, les hommes avaient eu l'intuition de graphies et de syntaxes magiques (le cas échéant profanes comme l'égyptien et l'hébreu) plus ou moins "efficaces", et que l'expérience énochienne venait révéler deux hommes la solution optimale en termes de "puissance magique". Serait-ce l le "reflet des structures neurologiques du rêveur" selon les termes de plusieurs ésotéristes ? Si c'était d'aventure le cas, les artefacts énochiens pourraient bien devenir un matériel intéressant pour la psycholinguistique. Il serait même envisageable :
- de comprendre le fonctionnement général des glossolalies pathologiques d'une part, et des langues mystiques d'autre part.
- d'établir des règles d'évolution de la prononciation et du vocabulaire dans une langue[39]. La linguistique diachronique se verrait alors dotée d'un outil particulièrement puissant, transformant les évolutions historiques des langues en information historique de contexte (culturel, psychologique) inaccessible autrement.
Ainsi l'énochien aurait déj vu le jour une époque antérieure celle des deux anglais.
En l'occurrence, ce sont les entités contactées qui ont affirmé cette antériorité sans en donner les éléments pratiques et circonstanciés. Le seul élément suggéré (par "Raphaël", l'occasion du Liber Logaeth) est que la version arabe[40] de l'énochien est :
- fausse
- sans intérêt
- et se trouvait l'époque en Ecosse.
John Dee a accepté cette affirmation, et ce devint l'une de ses préoccupations ultérieures, savoir retrouver la piste antique de l'énochien.
Comparaison deux autres systèmes : le shintoïsme et la Draconia
Les préceptes énochiens et le shintoïsme
Le shintoïsme japonais, comparable un paganisme ou un totémisme a eu cette faculté d'assimiler les religions postérieures qui l'ont influencé, dont l'hindouisme et le bouddhisme.
En l'occurrence, et comme fruit de cette assimilation, deux concepts sont présenter, dont la proximité au système énochien serait patente :
- le Tenbu
- le Shitenno
Le Tenbu
Ce vocable représente un groupe de divinités qui auraient accepté de protéger l'enseignement du Bouddha, en particulier après l'élocution du Sutra du Lotus.
Ces sept races divines seraient :
- les Dragons
- les Devas
- les Ashuras
- les Géants
- les Hommes-Oiseaux
- les Musiciens célestes
- les Nymphes célestes
En fait, la taxinomie des dieux et des groupes de dieux en bouddhisme japonais n'est pas unique, et est toujours très complexe. Cela semble être la marque de l'empirisme du Shinto…
L'un de ces sous-groupes est le Shitenno.
Le Shitenno
Il serait constitué de quatre dieux, chargés de veiller sur les quatre directions cardinales (est, sud, ouest, nord) et d'empêcher le Mal de déferler sur le Monde.
Ces quatre dieux seraient :
- "Jikokuten" : Est, Vert/Bleu, printemps, eau.
- "Zouchoten" : Sud, Rouge, été, feu.
- "Koumokouten" : Ouest, Automne, blanc, métal. Les Dragons seraient sous sa responsabilité.
- "Tamonten" : Nord, Hiver, noir, terre. Concernerait la richesse et les trésors cachés.
Les tours de guet et les couleurs en énochien
L'un des principes de la magie énochienne serait la présence et l'invocation des quatre tours de guet. Ces quatre tours, postées aux quatre directions aux confins de l'Univers manifesté, auraient pour rôle de protéger la Création contre les déferlantes du Mal. Elles sont représentées par des entités, la fois des "régents" et les tours elles-mêmes.
Les couleurs associées ces tours seraient :
- Est : Air, Rouge (sang fraîchement versé[41])
- Sud : Feu, Blanc (blanc doux du pétale de lys)
- Ouest : Eau, Vert (écailles d'un Dragon, vert serpentin)
- Nord : Terre, Noir (noir du jus d'airelle)
Le parallèle entre les tours de guet énochiennes, et les quatre gardiens du Shitenno est alors plus explicite : une permutation près des couleurs, le concept semble identique.
Une explication possible de la permutation des couleurs pourrait être envisagée en considérant que :
- la liste des éléments occidentaux (hermétisme : air, feu, eau, terre) que l'on retrouve dans le Dhātu bouddhiste, n'est pas la même que celle des éléments orientaux (Tao : bois, métal, feu, eau, terre).
- les éléments occidentaux représentent des qualités, tandis que les éléments orientaux représentent des transitions entre des qualités, dans l'esprit du Livre des Transformations (I'Ching)
- Le schéma taoiste traditionnel représente des transitions entre les éléments orientaux, qui seraient eux-mêmes des transitions entre des qualités. Le Tao est d'une certaine complexité conceptuelle, difficile appréhender a priori même pour un kabbaliste occidental.
- Le I'Ching serait réputé être d'une certaine brutalité la pratique ce qui, avec sa complexité conceptuelle entrevue ci-dessus, le place comme bon candidat pour soutenir la comparaison avec le système énochien, lui aussi réputé complexe et brutal.
On notera l'association entre l'élément Eau, la tour de l'ouest, et le symbolisme draconique communs au Shitenno et l'énochien.
Par ailleurs et curieusement, cette association du symbole "Dragon" aux symboles "eau" et "ouest" se retrouve dans le livre apocryphe d'Hénoch (version éthiopienne) au chapitre 20 : Gabriel est préposé au paradis, aux chérubins et aux dragons.
Introduction la Draconia
De ce que nous apprennent les ouvrages de Draconia, les dragons pourraient parler n'importe quelle langue. Ils écriraient avec un alphabet spécial appelé le script draconique, qui ne serait pas une langue mais bien un script magique. La plupart des invocations draconiques est en énochien[42], le reste est en français.
Le style des textes d'invocation possède son propre génie et tranche singulièrement avec les invocations traditionnelles kabbalistiques ou énochiennes. L'élocution est flamboyante, mais reste « visage humain » : ce n'est pas une machine ou une force abstraite qui a écrit ces lignes, mais plutôt une force très ancienne, décrite, évoquée, suggérée : le pouvoir de suggestion rappelle celui du Necronomicon[43].
Du reste, l'expérience de channeling de M.A. Ricard (le premier auteur francophone de magie draconique en énochien) a permis d'apporter quelques mots supplémentaires au vocabulaire énochien, quoique ceux-ci ne sont pas compilés dans le dictionnaire anglais/énochien qui fait référence en la matière.
Des invariants symboliques repérables dans la Draconia
Une théorie serait envisageable, en particulier la lumière des pratiques et des artefacts draconiques. D'ailleurs, il faudrait probablement d'abord étudier la Draconia - qui s'exprime en un énochien moins riche au vu des invocations draconiques - avant de s'enquérir des enseignements énochiens proprement dits.
L'Abysse dans les traditions du Monde
Il existe en magie draconique, un rituel dit « d'ouverture Draconique ». Ce rituel semble suivre l'articulation de l'heptagramme draconique : en effet, l'ordre d'enchaînement des appels aux quatre tours de guet revient parcourir les pointes de l'heptagramme de proche en proche jusqu' la « pointe inversée ».
Ainsi, dans l'ordre :
- le quartier méridional,
- le quartier occidental,
- le quartier oriental,
- pour finir sur le quartier septentrional.
- La cinquième et dernière phase est particulière : elle concerne la « pointe inversée » de l'heptagramme; Marc-André Ricard précise qu'il est indispensable de comprendre que cette pointe n'est pas maléfique. Il s'agit d'une double inversion, donc d'une pointe « bénéfique »: la pointe est vers le bas, mais l'angle qu'elle décrit est rentrant, c'est- -dire supérieur 180°. De l'avis de Marc-André Ricard, l'onde de forme générée est la mise en œuvre de forces ascendantes, capables de traverser l'abîme jusqu' la Merkavah pour sortir l'homme de la dualité et donc, du royaume de Babalon.
La saillie béante que laisse cette étrange pointe dans le graphisme de l'heptagramme draconique est en première analyse le symbole de l'Abysse de Daath (cette séphirah signifie « connaissance », ce dont sont gardiens les Dragons).
Il existe dès lors un parallèle qui saute aux yeux entre différents systèmes magiques.
Dans la littérature kabbalistique des « Hashmalim », il existe une génération d'Anges qui gardent l'entrée du paradis. Cette entrée, cette « porte » est un concept part entière et possède différents noms :
- La « porte de l'éclair », « lie-chhiu » comme l'appelle le mage tibétain[44] dans les carnets secrets[45] de Marco Polo. Un de leurs "voyages chamaniques" est ainsi relaté : Lorsque Marco Polo et le mage franchissent la porte, ils pénètrent dans le Royaume de Lumière où ils ont l'occasion de contempler les Bouddhas de couleur, puis demandent de l'aide un Dragon qui, après avoir examiné leurs âmes par un regard perçant, les dédaigne. Finalement, les deux hommes reviendront de leur sortie astrale en ayant appris que la patience est la plus chinoise des qualités…
- Le pont de Heimdall dans la Magie Runique, symbolisé par la rune « Haegl » (la grêle)
- Daath dans l'Arbre de Vie.
- La porte des Hashmalim dans le Shiour Qomah[46].
- Le monde parallèle [47] « Zax », de nature abyssale. Au fond de l'Abysse, règnerait Choronzon, un cacodémon maître du chaos [48]. Aleister Crowley se serait « amusé » le fréquenter, et présente cette fréquentation comme indispensable pour atteindre l'éveil bouddhique. Il est logique que la magie énochienne fasse peur si l'on croit ce que nous dit Aleister Crowley.
Dans toutes les traditions mentionnées ci-dessus, le même conseil impérieux serait donné : nul ne franchit le pont de l'Abysse s'il n'est pas choisi, prêt, purifié, élu, etc.
Cet aethyr, Zax, serait régi par trois noms : Elexarph, Comananu, Tabitom. Or en énochien, « Air, Eau, Feu » se traduiraient par « Exarp, Hcoma, Bitom ». Il y a une ressemblance.
Ce sont ces trois noms qui seraient appelés dans la dernière phase du Rituel d'Ouverture Draconique. L'appel se poursuit en demandant la révélation des mystères de la Création et l'ouverture de quelque chose.
Il est présumer qu'il s'agit de la porte de l'éclair. Alors les dragons sont supposés arriver. Une remarque : cette dernière invocation reprend mot pour mot un passage de la première clé énochienne d'appel, celle de la Lumière divine.
Ainsi donc, l'Abysse semble être un symbole liant plusieurs systèmes énochiens entre eux, et mêmes plusieurs systèmes ésotériques tout court. Il serait donc certainement très astucieux d'explorer le concept sémantique "Abysse", dans les langues dédiées ces systèmes; ces langues sont finalement les langues maternelles des pays et cultures concernés.
Probablement que cette exploration mènerait de nouvelles pistes linguistiques sur l'énochien...?
Une odeur de soufre dans la Caverne
Un invariant symbolique important intervient également lors de l'appel aux forces draconiques du quartier septentrional (associé l'élément "Terre"). L'invocation est la suivante :
« Je ne fléchis pas devant ce splendide monde obscur, l'intérieur duquel résident continuellement une profondeur infidèle et des enfers enveloppés de ténèbres, se délectant d'images intelligibles, abruptes, torsadées. Un Abysse sombre continuellement en mouvement, épousant toujours un corps sans lumière, sans forme et vide. » |
Cette phrase, dans son style, est rapprocher de l'inscription périphérique de la Tabula sancta de Dee. La traduction est extraite du livre d'Étienne Morgant :
c'est le lieu où se répandent les trésors oubliés dans la forme de l'extase. Seul le feu est ici substantiel. C'est la voie de Babalon et de la bête qui est la première forme manifestée. Les yeux seuls doivent demeurer sur le nom du gardien et ses représentations seront rapidement rencontrées |
La Terre serait la première "rencontre" de l'impétrant sur la voie initiatique. Cela rejoindrait la devise de certaines obédiences maçonniques :
Si tu n'as pas perçu la noirceur initiale de l'Œuvre, c'est que tu as échoué, recommence ! |
Une explication serait plausible, qui mènerait au symbole de la "Terre/Abysse" : dans son livre « le chemin de la véritable initiation magique »[49], Franz Bardon présente les quatre éléments selon une répartition fonctionnelle.
Dans la symbolique traditionnelle[50], les quatre éléments sont généralement subordonnés au cinquième, la Lumière de l'Akasha. On trace alors un petit schéma pyramidal orienté aux points cardinaux pour se représenter l'agencement.
Franz Bardon présente un agencement différent : L'Eau et le Feu seraient ennemis jurés, respectivement correspondants au Yin et au Yang. Pour se « parler », ils devraient passer par l'Air, agent androgyne symbole du Pilier du Milieu qui est aussi associé l'Amour, le pouvoir Guérisseur de Raphaël et représenté par la Rose…
Puis au final, la Terre : elle serait la fois :
- un réceptacle et un aimant, une caverne (« un corps sans lumière, sans forme et vide »),
- où les trois autres éléments viendraient accoucher d'une réalité tangible, savoir « d'images intelligibles, abruptes, torsadées »[51]… En cela, la réalité est d'emblée définie comme un jeu d'images, d'illusions, une simulation suffisamment sensible et brutale (« abrupte ») pour nous paraître la seule réalité existante.
- C'est une "profondeur infidèle" au sens où elle ferait oublier, peut-être pour toujours, la force de l'Amour Universel qui nous relierait tous et toutes choses les uns aux autres, ainsi que la réalité des autres mondes.
Autant les explications sur l'Abysse que sur la Terre pourraient suffire lever bien des malentendus sur la nature des invocations énochiennes consignées par Dee et Kelley. Bien entendu, il est fait abstraction de ce que d'autres occultistes - en l'occurrence Crowley - ont pu en déduire. Leurs explications, omises ici, pourront être retrouvées par ailleurs.
Par ailleurs, le symbole "Terre" semble avoir la même importance que le symbole "Abysse" : la croisée de plusieurs cultures humaines et du matériel énochien, l'étude de ce concept pourrait peut-être fournir de nouvelles pistes linguistiques, notamment travers l'histoire de l'alchimie.
Une vocation universelle ?
Dès lors, s'est engagée dans les milieux ésotéristes une polémique légère sur la vocation universelle d'une telle magie : quels rapprochements avec les religions polythéistes ? Que faire des forces planétaires déj nommées et déifiées sous des vocables différents dans d'autres religions ? La magie devrait dans son ensemble posséder suffisamment de ressources symboliques et psychiques pour fournir un jour des réponses satisfaisantes, mais la question reste ouverte…
Ici commencent les Terrae Incognitae…
Voici la traduction approximative d'un des carrés magiques énochiens : « c'est une vague océanique, un trésor, l'extase. Connaissance des mondes parallèles jusqu'au dernier »
Cette traduction est intéressante. En effet, d'après les parchemins de DEE, chaque aethyr (monde parallèle) serait associé :
- d'une part une zone du monde invisible,
- d'autre part une région de la Terre.
L'exploration de tous les aethyrs devrait-elle s'accompagner de la découverte et de l'union de l'ensemble des peuples de la Terre ?
L'acception judéo-chrétienne
L'histoire de John Dee, d'Edward Kelley et de leurs parchemins se trouve explicitée si on la replace dans un contexte judéo-chrétien.
En l'occurrence, les "entités" angéliques et énochiennes emploient maintes reprises un vocabulaire caractéristique des textes bibliques, en particulier la Genèse et l'Apocalypse.
La Doctrine énochienne livrée par les Anges pourrait alors être comprise comme une réponse au péché originel chrétien, qui s'énoncerait en ces termes :
La Terre fait vivre l'Humanité un drame de style Freudien, analogue la séparation de l'enfant et de la mère : l'origine, Adam et Ève avaient la Vision de la Divinité, et étaient de facto unis avec Elle. En débarquant sur Terre, cette vision est perdue corps et biens, c'est- -dire autant les objectifs, la méthode que les moyens. Un cataclysme intellectuel en somme. Aussi les Dragons et les Anges gémissent-ils de voir l'Homme prisonnier de ce type particulier d'Enfer. |
Dans l'état actuel des connaissances sur l'énochien, l'hypothèse "contexte judéo-chrétien" sera examinée.
Les "Anges" semblent condamner la Terre et lui promettre l'Apocalypse, mais il s'agirait probablement de faire la distinction entre l'Homme et la Terre, de rendre l'Homme sa lumière originelle en lui envoyant des Moyens de Libération Massive.
Pour finir, l'étude de la langue et de la magie énochienne est d'abord un travail d'enquête, de recherche et de documentation qui se complète sans arrêt, comme un puzzle.
Chaque fois qu'une invocation énochienne pourrait paraître sulfureuse, il s'agirait de la replacer dans le contexte suivant : l'Enfer, ça commence avec la Terre
Alors l'invocation changerait de sens, et parlerait de la situation présente, infernale, l où le mage se trouve actuellement, puis des moyens d'y remédier, en affrontant avec compassion ces forces mal maîtrisées (souvent la sexualité) car s'ignorant elles-mêmes et aspirant malgré tout au bonheur[52].
Références bibliographiques et notes
- ↑ seule la prononciation lettre- -lettre est connue
- ↑ La pertinence de la Magie n'est pas discutée dans cet article : elle est considérée comme une expérience subjective respectable en soi, dont la réalité scientifique reste explorer. Chaque fois que des scientifiques se sont intéressés l'occulte (scientifiques issus de la psychologie, l'ethnologie, la sociologie, la chimie et la physique surtout), ils n'ont jamais pu se décider sur la réalité, la valeur et le statut de telles pratiques. En revanche, leurs investigations les ont conduit découvrir d'autres connaissances sur l'humain utiles et intéressantes.
- ↑ voir cette base d'alphabets particulièrement exhaustive, incluant des notions d'épigraphie
- ↑ THE COMPLETE ENOCHIAN DICTIONARY.- A Dictionary of the Angelic Language as Revealed to Dr. John Dee and Edward Kelley.- DONALD C. LAYCOCK.- preface by stephen skinner.- foreword by Lon Milo Duquette.- WeiserBooks.- Boston, 1994.- ISBN 1578632544
- ↑ par exemple les clés auraient été "livrées" en version énochienne au début des expériences "spirites", puis la version anglaise aurait été livrée la fin
- ↑ Dans les travaux historiques et critiques sur le manuscrit de Voynich, l'hypothèse a été avancée que le manuscrit avait été écrit par Kelley pour ridiculiser et escroquer le jésuite Athanasius Kircher
- ↑ A signaler : une apparition de cet alphabet dans le film Da Vinci code, avec quelques lettres gravées sur l'une des faces de la clef triangulaire d'ouverture du coffre bancaire.
- ↑ on trouvera également l'expression "alphabet bouleté ou alphabet lunettes. Il semble que ces alphabets soient apparus pour la première fois dans des manuscrits grecs datant du IIIème au Vème siècle de notre ère
- ↑ correspondance entre un nombre et une lettre de l'alphabet
- ↑ la première table du Liber Logaeth se trouve dans le Liber Mysteriorum Quintus, tandis que les autres se trouvent dans le Sextus. voir l'article Magie énochienne
- ↑ états modifiés de conscience
- ↑ vie de tous les jours, émotions, sexualité, etc...
- ↑ Le saut de paradigme en Magie Chaotique postule qu'aucune religion n'a d'importance, c'est simplement la profondeur et la puissance de l'esprit humain qui leur donne vie
- ↑ comme l'a mis en évidence Claude Lévi-Strauss en étudiant le comportement de chefs de tribus et de chamanes face l'acte de détenir l'écriture et son pouvoir
- ↑ du grec telesma, image
- ↑ on parle de grammaire formelle. L'écriture d'une grammaire débouche :
- Sur la conception des grammaires de langages de programmation
- Sur la manipulation des connaissances ainsi formalisées l'aide du calcul des propositions, ou celui des prédicats
- ↑ Noam Chomsky est réputé être le fondateur de la psycholinguistique, de la linguistique formelle, et défenseur de la thèse de l'existence d'une Grammaire Universelle
- ↑ voir ce sujet la publication n°13 intitulée "langues secrètes" de l'association "Politica Hermetica", en association avec l'École Pratique des Hautes Études de la Sorbonne
- ↑ prononciation et guématrie spécifiques, dans le Liber Chanokh
- ↑ Dieu, en énochien
- ↑ la Grande Table serait en fait un Cube, comme dans le film "Hellraiser", sauf que le cube de Schueler n'est pas sensé lever l'enfer, mais ouvrir des chemins de lumière dans un pur style bouddhiste de "développement personnel"
- ↑ Étienne morgant.- LA MAGIE ÉNOCHIENNE.- Guy Trédaniel éditeur.- Paris, 1995.- ISBN 2857076983
- ↑ En effet, hormis la publication d'ouvrages par des ésotéristes (fussent-ils francophones ou anglophones), le système énochien est passé complètement inaperçu dans la presse lors de sa première publication dans The Equinox d'Aleister Crowley
- ↑ en ce qui concerne la Golden Dawn, des écrivains célèbres comme Lord Byron ou Bram Stoker en ont fait partie, et H.P. Lovecraft était marié avec une proche parente d'Aleister Crowley
- ↑ ENOCHIAN MAGIC for beginners.- The Original System of Angel Magic.- Donald Tyson.- Llewellyn Publications.- ISBN 1567187471
- ↑ Le robot WebSphinx est sous licence GPL et fonctionne très bien, toutefois il est très gourmand en ressources, donc attention aux réglages "timeout" et "max_depth" pour ne pas saturer la bande passante
- ↑ par exemple "Knode"
- ↑ "YALE" avec son plugin "WVTool" est assez simple d'emploi
- ↑ typiquement Analyse par Composantes Principales
- ↑ Builders of the Adytum, les constructeurs du Saint des Saints. A savoir : tout cours polycopié qui atterrirait dans les mains d'un profane pourrait mener celui-ci devant le tribunal si cela venait se savoir.
- ↑ voir les travaux de "Politica Hermetica", cités précédemment, ainsi que le site francophone sur la magie énochienne référencé sous "enoch"
- ↑ Pierre Jovanovic, Anne-Marie Bruyant, agrégée de lettres classiques.- ENOCH, Dialogues avec Dieu et les Anges, Le seul livre que le Christ citait régulièrement parce qu'il le connaissait par cœur.- éd. Le jardin des Livres.- ISBN 2914569106
- ↑ voir l'emprise géographique sur trois continents de la géomancie et du "Goral":
- Roger Gascon.- LA GÉOMANCIE Cours Pratique.- Techniques, thèmes, interprétation et signification.- éd. DE VECCHI POCHE.- ISBN 2732843504
- Patrice SERRES.- LE GORAL.- ISBN 2930211016
- ↑ Raymond JESTIN.- ABRÉGÉ DE GRAMMAIRE SUMÉRIENNE.- GEUTHNER MANUELS.- Exclusivité France : Librairie Orientaliste Paul GEUTHNER ? 12, rue Vavin - -75006 PARIS.- 1994, LAUSANNE.- ISBN 2705317430
- ↑ lieu supposé de naissance, d'après le Coran, du prophète Idris - Hénoch
- ↑ Un exemple : Roger Bacon. Le cas le plus célèbre est celui de l'Alchimie, dont la chimie moderne faisait partie sous le nom de iatrochimie
- ↑ DÉCOUVREZ LA MAGIE.- J.H. BRENNAN.- le pouvoir de changer votre monde intérieur.- Traduit de l'anglais par Hélène Prouteau.- éd. TCHOU.- ISBN 2710706512
- ↑ il est curieux de constater que la quasi-totalité du fonds mythologique exhibé par les sectes contemporaines vient de cette époque-l , l'exception probable des extraterrestres toutefois esquissés en Théosophie et en chamanisme.
- ↑ De telles évolutions sont considérées aujourd'hui comme arbitraires, avec de vagues critères de confort de prononciation
- ↑ "Raphaël" parlait-il du Picatrix ?
secrets et initiation magique de PICATRIX.- Venant de l'Original arabe de l'An 1256.- Préface, traduction et décryptage de JACQUES BERSEZ.- éd. Trajectoire.- ISBN 2841970485 - ↑ Les quatre couleurs sont ainsi imagées dans les manuscrits de Dee
- ↑ Marc-André RICARD.- La Magie des Dragons.- Les véritables enseignements et rituels draconiques.- éd. Le Dauphin Blanc.- ISBN 2894360916
- ↑ Arnaud de l'Isle.- ABC DE MAGIE NATURELLE.- Collection dirigée par Michel Grancher.- éd. Grancher.- Paris, 2000.- ISBN 2733906712
- ↑ Curieusement, ce mage ou lama est appelé "Phags-Pa" dans les carnets de Marco Polo, alors qu'historiquement le vocable "Phags-Pa" désignerait le nom d'un alphabet artificiel vocation de "lingua franca" pour l'empire moghol. Cet alphabet aurait été commandité par Khubilai Khan un lama tibétain. Voir la fiche de l'alphabet phags pa pour plus de précisions
- ↑ enrique alcatena.- Les Carnets Secrets de MARCO POLO.- éd. Albin Michel.- Traduction : Frédéric Dussoubs.- Paris, 2000.- ISBN 2226114831
- ↑ VIRYA (Georges LAHY).- VIE MYSTIQUE ET KABBALE PRATIQUE.- Angéologie et pratiques théurgico-magiques dans le Shiour Qomah, la Merkavah et la Kabbalah Maassith.- 1995, Georges LAHY, auteur ? éditeur.- ISBN 2950888704
- ↑ ou « aethyr » dans le vocabulaire énochien
- ↑ la définition d'un cacodémon n'est pas claire, c'est un néologisme employé par Dee. On peut supposer que cela vient de la gnose grecque, où l' Agathodaïmon, l'ange de lumière forme de serpent couronné, s'oppose au Kokadaïmon
- ↑ FRANZ BARDON.- LE CHEMIN DE LA VERITABLE INITIATION MAGIQUE.- Cours en Dix Degrés, Théorie et Pratique.- Alexandre Moryason Éditeur.- Courbevoie, 2000.- ISBN 2950145949
- ↑ par tradition, on désigne la kabbale et l'hermétisme
- ↑ C'est pratiquement mot pour mot la définition du concept kabbalistique "Eretz", signifiant la fois L'Abysse et La Terre. Les manifestations de la réalité y sont générées par Torsion de la Matière Première
- ↑ Anne MEUROIS-GIVAUDAN.- Lecture d'auras et soins esséniens.- Thérapies d'hier et d'aujourd'hui.- collection Santé.- éd. AMRITA.- ISBN 2911022270
Voir aussi
Liens internes
Avant Dee et Kelley
- Ange
- Apocalypse
- idriss
- gnosticisme
- Le Voyage en Occident
- Mythologie mésopotamienne
- Nephilim
- Ningishzida
- Mušhuššu
- Marco Polo
- Runes
L'affaire
Après Dee et Kelley
Eléments utiles de sciences humaines
Anglais
- (en) Zu (mythology)
- (en) Dragon King
- (en) Babalon
Liens externes
Études universitaires sur le sujet
Enoch
Français
- (fr) la contribution de John DEE la civilisation anglaise
- (fr) La vie de Cornelius Agrippa
- (fr) un site francophone exhaustif et rigoureux sur la magie énochienne
- (fr) 23 écritures secrètes
Anglais
- (en) liste de très vieux grimoires médiévaux : abbaye de Canterbury et collections privées
- (en) Twilit Grotto -- Esoteric Archives
- (en) Generating the "Abyss" Experience with the Temple
- (en) Intro to 91 Parts
- (en) Queen Of The Angels
- (en) The Enochian World of Benjamin Rowe
- (en) les structures mathématiques sous-jacentes de l'énochien
- (en) l'alphabet cherokee, l'alphabet énochien et le champ électromagnétique
- (en) différentes polices d'alphabets magiques
Draconia
Français
- (fr) Draconia : le site du livre de la Magie Draconique
- (fr) Draconia : l'auteur du livre, Magie énochienne, Franz Bardon, Aleister Crowley
Anglais
- (en) Dragons of Justice
- (en) Dragon Stone: Dragons in Different Languages
- (en) Here Be Dragons on Old Maps
Linguistique générale
- (fr) Techniques pour l'historien en ligne : paléographie, diplomatique, sigillographie…
- (fr) outils documentaires pour ouvrages rares et anciens
- (fr) un outil gratuit de fouille textuelle
- (en) liste de scripts anciens
- (en)un autre catalogue d'alphabets anciens
- (en) le musée des langues
- (en) l'alphabet "phags pa"
Le 11 novembre 2006, une personne a proposé que cet article soit reconnu comme étant un « article de qualité ». Vous pouvez donner votre avis sur cette proposition. |